Entrée de Kami

Un petit chasseur à propulsion nucléaire entamait la traversée de l’atmosphère de la planète jaune. Apres un long moment d’incertitude, il se stabilisa contre un monticule ensablé, au milieu du désert. Deux êtres s’extirpèrent du cockpit de l’appareil. Le premier, un homme plutôt jeune, aux cheveux-mi long, blond clair, balayait de ses yeux rougeoyants le paysage. Il portait une cape du voyage sombre qui enveloppait entièrement son corps. L’autre, qui, d’après les formes de son corps, semblait être de sexe féminin, était encapuchonnée et ne formait qu’une ombre à proximité de son compagnon. Apres un temps d’observation, l’homme lança :

« Le vent se lève. Hâtons-nous… »

Ainsi les deux individus se mirent en marche en direction de la légendaire cité d’Alanhav. Déjà, ses hautes murailles se profilaient à l’horizon. Face à la tempête naissante, ils pressèrent le pas. L’immense porte de la cité était en vue.
Voyant ces deux ombres s’approcher, l’un des deux gardes hurla :

« Halte ! Veuillez décliner vos identités et vos motivations ! »

Se trouvant désormais à une distance suffisante pour parler aux gardes, l’homme toisa le garde avant de lui répondre :

« Je suis le sergent Kami. Je gouverne les saintes terres du Kamagma. Ma conseillère et moi-même souhaitons entrer en ces lieux pour traiter de quelques affaires avec nos anciens frères d’armes. »

Après ces quelques mots, le jeune gouverneur se contenta de fixer les deux gardes, avec un certain mépris.
Combien de temps encore ces incapables allaient-ils le faire attendre ?

Reiko, toujours dans ses promenades intempestives, décida d'aller faire un tour à l'entrée de l'Alanhav, afin de pouvoir croiser du monde, enfin.

Dans le ciel il avait aperçu un engin a mono-propulsion, il s'en alla donc voir où il allait atterrir, sa curiosité était très grande, ce qui lui jouait souvent de mauvais tour. Après être sorti de son cockpit, deux personnes se dirigèrent à l'entrée. Reiko, avait entendu Kel'Zahra parler d'un homme qui ne se montrait pas beaucoup, mais qui était très violent, et qui venait d'un état Volcanien. Son engin était griffonné d'un sigle Volcanien justement.

Reiko n'attendit pas, et se dirigea vers lui sans complexes ni peur.

- Excusez-moi, vous êtes bien le Sergent Kami, du Kamagma ? Un ami à vous m'a beaucoup parlé de vous. Vous souvenez-vous de Kel'Zahra ?

Il marqua un temps de pause, pour laisser répondre l'homme emmitouflé sous sa cape sombre.

Kami arqua un sourcil et dévisagea l’inconnu. Qui était cet avorton ? Instinctivement, sa main droite se plaça contre sa lame, prêt à la sortir pour se défendre. Il semblait inoffensif, mais comme il disait à ses élèves de l’Académie militaire « On ne sait jamais. ».
Cet homme, qui n’était qu’un simple suzerain, n’avait que peu d’intérêts aux yeux du sergent. Pourtant, ses paroles l’intriguaient. Kel’Zahra… Ce nom lui semblait familier. Quelques images ressortirent des ténèbres que représentait sa mémoire. Oui, il se souvenait maintenant. Kel’Zahra, général et tacticien hors pair d’une puissante nation vertaniene.
Apres un certain temps, le gouverneur dit enfin :

« C’est ainsi que l’on me nomme.

Courte pause. Kami remarqua le badge présent sur la tenue de son interlocuteur et ajouta d’un ton sec, en fronçant les sourcils :

Il me semblait qu’il était d’usage de se présenter. L’impolitesse est-telle coutume en ce lieu ?
Passons. Pour répondre à votre question, oui, je me souviens de votre ami. Il fut, par ailleurs, plus qu’un simple ami. Malheureusement, j’ignore ce qu’il est advenu de lui depuis la chute du Mikanésia. J’espère qu’il est encore en vie, j’ai encore quelques comptes à régler avec lui. »

Kami ignorait pourquoi, mais cet Alanhavien lui rappelait Kel’… Il marqua une pause, laissant ainsi à son interlocuteur le temps de s'exprimer.

Veuillez m'excuser pour mon impolitesse.

Encore une fois Reiko avait faux, son inattention le caractérisait toujours aussi bien. Lorsque l'on parle a une personne que l'on ne connait pas, on se présente. Telle était la phrase qu'on lui avait répété sans cesse dans sa jeunesse, et pourtant il venait de parler a un inconnu sans le faire. A l'école cela aurait coûté une punition, mais là tout ce qu'il méritait était de se voir renvoyer au palais.
Il releva la tête, on entendit un léger souffle sortir de sa bouche.

Je me nomme Reiko, je suis le dirigeant de l'Ulvia, peuple abandonnée il y a de cela des siècles, et qui aujourd'hui revit grâce a ma volonté. Je suis membre de l'Imperemus depuis maintenant quelques semaines.

Je me suis permis de vous poser cette question car il m'avait laissé dans ses mémoires le nom de plusieurs dirigeants Haut-gradés, sur qui il comptait, et votre nom en faisait parti. J'ai eu vent de ce qu'il est devenu, mais ceci doit rester confidentiel, j'en suis désolé. Toutefois, dans ses mémoires il n'a pas mentionné le pourquoi du comment vous étiez arrivés dans ces livres. D'où le connaissez vous ? Comment l'avez-vous connu ? Quand l'avez-vous perdu de vu ?

Excusez-moi de vous poser tant de question, mais pour moi elles sont sans réponses depuis un trop long moment.

Reiko semblait gêné comme a son habitude. Mais qu'importe, il avait enfin osé poser ses questions à autre chose qu'a son cahier de bord.

Mastema était depuis très longtemps en alanhav, mais il n'avait encore jamais été vu nulle part.
Son penchant pour le camouflage lui conférait des facilités que peu de monde possédait.

Il courrait, en direction de cette grande porte d'entrée. Essoufflé mais pourtant fier d'être enfin arrivé à destination

-"Bonjour, vous êtes le Sergent Kami du Kamagma?"

-"Oui, c'est moi" répondit l'homme.

-"Bien, je suis désolé, c'est Mac Rack qui m'envoie vous chercher, en effet, les discordes actuelles au Sénat Galactique à propos de la nouvelle vague de délation d'esclaves l'empêche de se déplacer. Ce qu'il pensait être une occupation réduite est en réalité un gouffre temporel énorme. Ainsi, il m'envoie vous chercher et s'excuser de son retard."

Mastema regarda les deux gardes

-"Rob, Eikichi, laissez-le rentrer. Il est avec nous"

Le simple fait que Mastema connaisse le nom de ces deux gardiens de la porte Est prouvait qu'il était bel et bien rentré en contact avec Mac Rack.

-"D'accord monsieur, voila la porte s'ouvre"

-"Bien, Kami, permettez que je vous appelle ainsi?

Je serais votre guide pour le moment. Je vais vous faire découvrir Alanhav. Pour l'instant nos accès seront restreints, mais il est possible qu'ils évoluent dans le futur. Je vous souhaite de la part de tout le monde, Bienvenue en ces lieux."

Et Mastema se tut, il regarda Reiko. Il venait juste de s'apercevoir que les deux personnages étaient en train d'entamer une discussion.

"-Désolé ami, je n'avait pas remarqué votre discussion. Vous pouvez reprendre là où vous en etiez."

Et Mastema se tourna, et discuta doucement avec les deux gardes.

Pas de réponse. Kami lança un bref regard à Reiko. Durant cet instant, on pouvait lire dans les yeux du sergent un sentiment bien différent du mépris habituel dont il faisait preuve. Pas de doutes, c’était de la compassion.
Sans se tourner vers sa conseillère, le gouverneur lui lança :

« En mah’ vak. »

Ces mots n’avaient aucun sens. Pourtant la femme acquiessa. Un langage codé ? A moins que ce ne soit qu'un simple dialecte... Il en existait encore un grand nombre sur certaines contrées. Elle s’approcha de Reiko et posa une main sur l’épaule de l’homme, avant de lui chuchoter à l’oreille, de sa voix douce :

« N’aie crainte. Il répondra à tes questions plus tard, en privé. »

Kami regardait avec dédain le nouvel inconnu. Encore un Alanhavien. Encore un, qui, manifestement, ne connaissait pas les règles élémentaires de politesse. Il allait devoir s’habituer à sa présence. Tout en refoulant la pulsion sanglante qui envahissait son âme, il s’adressa d’un ton sec à son guide.

« Veillez pardonner mon ignorance, votre identité m'est inconnue. Il serait souhaitable que vous évoquiez votre nom. Autre chose. Je ne vous autorise pas à m’appeler par mon nom. Pour vous, un simple monsieur suffira. »

Il marqua une courte pause, l’illustrant d’un geste d’impatience.

« Par quoi commençons-nous ? »

Agamemnis passa non loin de la porte d'Alanhav, où il vit un être entrer en cette belle cité. Par la même occasion, ouïe fine oblige, le haut Conseiller qu'il était n'entendait pas laisser cet homme parler ainsi aux Alanhaviens, alors qu'il est invité ici sur le bon vouloir de ses habitants.

Ainsi, Agamemnis s'approcha de cet homme et s'arrêta devant lui, en lui jetant un regard non des moins embêté.

Bien le bonjour mon chèr. Ainsi donc vous vous prenez déjà pour Monsieur en ces lieux, soit. Votre air arrogant nous vous le ferons ravaler bientôt, si vous ne changez pas d'attitude, car la porte vous a laisser entrer, mais elle peut tout aussi bien, vous laisser resortir et vous renvoyer d'où vous venez.

Si de bonnes augures, vous vous ravisez, soyez assuré de trouver ici des amis, mais si vous vous entêtez, vous y trouverez aussi vos ennemis.
Par Errecas, vous le sentirez passer!

A propos, mon nom est Agamemnis, Président de la Confédération Vulka et haut conseiller Alanhavien. Bienvenue tout de même en Alanhav.

Kami salua le conseiller d’un signe de tête. Même si, cet homme semblait être mieux éduqué que ses deux compères, ses paroles inutiles commençaient à l’agacer. Peut être devrait-il se retirer maintenant, avant que cela ne tourne mal. Non, il avait encore à faire ici.
Kami regardait ce qui s’offrait à sa vue, tout en dissimulant son admiration. Il ne pouvait le nier, cette cité était à la hauteur de ses espérances. Puis en prenant cet air arrogant qu’on venait de lui reprocher, il s’adressa à Agamemnis.

Epargnez-moi vos jérémiades. Si le fait que l’on me nomme « Monsieur », vous déplait, ne m’appelez pas, et je puis vous assurer que je ne m’en porterai que mieux. Cela vous permettra, entre autre, de réfléchir à vos paroles. Monsieur… Un titre d’une banalité… Non, je ne comprends pas votre réaction.

L’homme se tourna vers une maison à l’architecture singulière.

Sachez également qu’en ces lieux, je sais sur qui je peux compter… Puis il regarda d’un air méprisant le conseiller. …et de qui je dois me méfier. Sur ce, je vous laisse à vos occupations et vous souhaite une agréable journée, M. le haut conseiller.

L’homme avançait d’un pas lent vers cette singulière bâtisse qui avait, quelques secondes auparavant attiré son attention. Il posa sa main blanchâtre contre la pierre avant de murmurer "Magnifique".

Cela commençait bien! Un "invité" dans la cité et déjà cet être joue au mieux, ce que les Alanhaviens détestaient par-dessus tout.

Ecoutez Monsieur, mes jérémiades, comme vous les appellez, sont faits, pour que vous montriez un peu de respect envers mes alliés. Vous oubliez que vous êtes invités en Alanhav, alors comportez vous en tant que tel.

Votre venue en ces lieux, vous a été autorisé afin que nous puissions mieux vous connaître également, et malheureusement, vous ne montrez pas une image positive de votre personne. Là, déjà, je vous botterais bien le cul afin de vous faire voler hors de cet enceinte. Mais mon éducation me l'interdit. Toutefois prenez garde, Errecas et Quesae n'aiment pas qu'on brutalise leurs protégés.

Les cartes sont entre vos mains à présent, faites preuve de délicatesse et adressez vous à nous avec un rien de plus de courtoisie.

Les yeux d'Agamemnis fixèrent ceux de ce "Monsieur" avec intensité. On aurait dit Errecas en personne, mais peut-être était-ce lui après tout, qui sait? Ou un de ses plus ardent disciple?

Le duel avait commencé. Les deux hommes se fixaient sans rien dire, occasionnant un long moment de silence. Kami semblait déterminé à soutenir le regard du conseiller. Il ne voulait perdre, sûrement pour préserver sa fierté.
Le temps continuait son inlassable course, et aucun des deux ne voulait s’avouer vaincu. Kami esquissa alors un léger sourire. Il avait enfin obtenu du conseiller ce qu’il souhaitait.

Mon respect se mérite, mon cher. Je n’aime guère les personnes qui pensent que leur place dans les sociétés leur octroie une certaine supériorité. Jusqu'à maintenant, vous n’aviez aucune valeur à mes yeux. Mais vous avez su me prouver que vous saviez être plus qu’un simple fanfaron.
Et si vous souhaitez me botter le cul, faîtes donc, mais sachez que je me défendrai.

Sur ses mots il sortit un poignard dont la courte lame scintillait. On pouvait noter la précision avec laquelle les runes avaient été gravées, ainsi que la présence d’une étrange pierre, source d’une lumière faible et inquiétante. Après l’avoir montré au conseiller, il le rangea à nouveau sous sa cape.

Je pense qu’il est inutile d’en arriver à ces extrêmes. Après tout, vous et moi sommes des hommes civilisés…

Kami se tut, laissant le temps à son interlocuteur de répondre, s’il le souhaitait. Le gouverneur ne put s’empêcher de jeter un bref regard vers la place d’Alanhav, qui sera sans doute son prochain objectif.

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