Notre histoire n'est que rencontre et déchirement... Rencontre et déchirement. A l'époque, la justice et la violence s'opposaient férocement. C'est chose révolue.
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An -481, rencontre.
Tiensendar nous appelait, et, aussi vrai qu'il est de ces appels envers lesquels nul ne peut prétendre à la surdité, nous répondîmes présent.
Deux cent divinités, deux cent volontés, forces, valeurs, et autres abstractions en des corps incarnés. La vie et la mort, siégeant comme deux soeurs, Tiesendar et Naralime, telles deux fleurs, se lèvent et à la lumière s'exposent. Leur projet, simple mais pur, concis mais efficace comme nul autre, frappe, influe, contrôle, saisit. Les forces s'exaltent en leur répartition, et les moeurs se plaisent en leurs doux refuges. Le monde s'équilibre, l'univers se stabilise. L'échiquier est large, mais les pions en sont nombreux. Les parties s'enchaînent et, inlassable, le public y assiste, s'en joue, se rit des bêtises et se réjouit des coups de maître.
Mais il est un couple qui domine, effroyablement. Si bien que les deux se neutralisent et s'évitent. Elle est magnifiquement cousue, d'une extrême douceur, mais d'une effroyable sévérité. Il est forgé dans l'envie, le lucre et la rigidité. Elle enchaîne les victoires morales, fait don de belles paroles, offre plus que ne reçoit. Il amasse les pillages, ne sort de la guerre; en vit, en jouit.
Elle est la justice, l'équité, la force morale. Il est le profit, l'amour des richesses...la violence.
Elle est Quesae, et il est Errecas.
Et d'année en année, les pôles de l'aimant s'inversent, et les jaloux dans l'ombre se lèvent.
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An -324, rapprochement.
Premier accrochage entre les protagonistes. Les morts affluent dans la vallée, mais nul ne ploie, nul ne plie, nul ne s'éclipse. Les uns sont virulents, prêts à attaquer au premier affront. Les autres sont fiers, droits et en bonne forme. Le souffle leur manque, mais ils ne le montrent.
Deux éclairs dans le ciel s'entrelacent. Le bleu croise le rouge, la terre tremble de pas assourdissants; c'est l'hécatombe.
La partie est perdue, pour chacun d'eux. Ils le savent, et enfin l'admettent. Les hommes se retirent, les dieux se cachent. Déjà accourent les charognards, d'aucun voudrait toucher le pouvoir, à présent qu'il est divisé, partagé, et à portée de tous.
Néanmoins ils ne s'inclinent; dans la fuite, Errecas est le plus doué, et c'est finalement son homologue qui est acculé. La déesse de l'équité, trop droite pour jouer la sournoiserie, fait le premier pas sur la planche dont l'extrémité oscille dangereusement au dessus du vide.
Durant dix années, la voilà soumise au supplice, avant qu'enfin ne vienne la délivrance. Elle se joue de la mort, car elle ne la connaît que trop bien, mais pleure devant le regret, tombe sur les genoux devant la colère. Si belle et majestueuse, Quesae mort la ligne. Elle aura finalement perdu son duel, mais son règne jamais ne sera oublié, espère-t-elle.
La chute est à peine entamée qu'une fureur s'élève qui en fait trembler la colère elle-même.
Il couve, depuis bien longtemps déjà, l'envie et le désir envers cet être. Aussi vrai qu'il est ivre de richesses, il sait dissocier celles du coeur. Epris de l'équité, il accourt malgré sa force et sa virilité, au-delà du danger, quittant quiétude et commodité.
Les autres n'osent bouger, devant la réunion des deux opposés; la victoire désormais à leurs yeux apparaît: c'est dans l'union qu'elle sera assurée.
Et le profit fuit, son complément à son bras, et tous deux s'en vont reformer un monde devant lequel nul ne s'élève.
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An -290, Apogée.
Chaque jour de nouveaux coeurs s'ouvrent, de nouveaux oeufs éclosent, de nouveaux bourgeons germent. C'est en cette période d'expansion et de volupté que le complémentaire couple s'assure un avenir hors du commun. Régissant l'univers, s'enivrant de victoires sur la bêtise et la générosité, d'une main de fer leur empire est géré.
Le jeu n'en est plus un, il s'agit de compétition mortelle. Les deux cent, plus rageuses que jamais, s'unissent et à leur tête choisissent la colère, la puissance et la souffrance. Naralime, bien au-dessus de ses moutons, s'éprend soudain du son d'un rire gras, qui de plus en plus souvent retentit...pour ne jamais s'arrêter.
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An -267, Eclatement.
L'activité, en bas, s'arrête. Le progrès, arrivé à un tel état, s'éteint, et donne quelques enfants, dont la technologie, future maîtresse de l'univers, future mère de nombreuses guerres. Le destin des deux catalyseurs du monde antique, tous l'ignorent, parmi les âmes faibles. Seuls les dieux, rouges de leur faiblesse, blanc de leur culpabilité, savent, et souffrent, s'ouvrent à de nouveaux sentiments.
Quesae et Errecas, souffrantes entités autrefois grandes, ne sont plus rien d'autres que des principes oubliés, victimes d'une coalition de cent quatre-vingt dix-huit forces. Nul ne les retrouvera, à présent qu'ils ne sont plus que des êtres sans corps ni esprit.
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<<Il est troublant de retrouver cette fraîcheur, ces picotements, cet isochrone battement dans notre poitrine, n'est-ce pas, Errecas?>>
<<Et n'est-il pas jouissif, ma chère Quesae, que de pouvoir humer à nouveau ce qui nous entoure, que d'être attiré, irrémédiablement... par l'incroyable potentiel des hommes?>>
<<Imperemus Galacte, mon ami.>>
<<Qu'est-ce que cet animal?>>
<<Que nous dominions Galacte, Errecas. Que nous leur inculquions notre force et notre expérience, à ces élus.>>
<<Contrôlons-les, laissons-les s'enrichir, devenir notre force, face à l'adversité qui nous croit morts.>>
<<Cachons-nous, dissmulons-les, faisons-les grandir, dans le bonheur et l'altruisme...>>
<<... dans le lucre et dans l'ivresse...>>
<<...et faisons-en notre arme, contre la colère, la souffrance et la mort.>>
Vertana, an 3726. Recouverture...
Mar 1 Avr - 18:25